Générations Futures réitère son opération de communication

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    Pour la seconde année consécutive, l’ONG Générations Futures publie un rapport qui compile les résultats des analyses de la DGCCRF concernant les résidus de pesticides dans les F&L vendus en France. Triste exemple de communication, qui, au lieu de nourrir un débat constructif pour tous, ne fait que shooter le consommateur par la peur.
    Concernant le contenu du rapport, rien de notable dans les résultats. En revanche, les lacunes pointées l’année dernière n’ont pas été complétées, les raccourcis et discours alarmistes sont toujours bien présents… Et les grands médias s’en font joyeusement le relais !
    Suite à la première publication, que nous avions décryptée (lien ci-dessous), quelques limites importantes au travail publié, à grand renfort de communication par Générations Futures, avaient déjà été pointées. Les résultats concernent uniquement la production conventionnelle, la question des produits biologiques étant évincée par François Veillerette, arguant d’un manque de précision dans les données de la DGCCRF. Même réponse à la question de distinguer les origines des produits analysés, puisque les réglementations nationales varient quant à l’usage des produits phytosanitaires et que plus de la moitié des F&L consommés en France sont importés.
    Nous retrouvons aussi, comme l’année dernière, la mise en avant de chiffres chocs, annonçant que 72 % des échantillons de fruits et 43 % de ceux de légumes présentent des résidus de pesticides quantifiables. Alors que, parmi ceux-ci, seuls 2,9 % des fruits et 3,4 % des légumes testés présentent des résultats supérieurs à la LMR, donc étant en infraction avec la législation et officiellement jugés préjudiciables pour la santé en cas de consommation répétée. Certes, pour l’ONG militante, la moindre trace de pesticide est déjà de trop puisque son objectif annoncé est simplement de les faire interdire. Cela peut s’entendre. Sauf que dans ce cas, pourquoi les produits bio sont-ils toujours « à côté » du feu des critiques, alors que l’agriculture biologique utilise aussi des traitements phytosanitaires (d’origine naturelle, certes, mais biocide quand même) ?
    Sans préjuger plus avant des intentions de l’ONG dans cette opération, les conséquences médiatiques sont éloquentes et déplorables. Du côté des grands médias, dès le jour de publication du rapport, c’est la surenchère du titre alarmiste. On citera Le Point et son « Alimentation : gare aux pesticides dans les fruits et légumes non bio ! ». Le quotidien 20minutes.fr s’amuse avec « Cerises, ananas, céleris, endives… Dans quels fruits et légumes trouve-t-on le plus de résidus de pesticides ? ». Et même Libération lance sans complexe « Des cerises et clémentines shootées aux pesticides ». Le Monde n’est pas en reste, en titrant « Une majorité des fruits et légumes conventionnels présentent des résidus de pesticides ».
    Évidemment, les lacunes et raccourcis que nous avons décrits ci-dessus ne sont guère identifiés par les médias généralistes et certains compléments rédactionnels ne font qu’augmenter la confusion générale. A titre d’exemple, l’article de Libération qui se termine par le paragraphe suivant : « Pour rappel, le gouvernement s’est fixé comme objectif de sortir d’ici 2021 du glyphosate et de réduire l’utilisation des produits phytopharmaceutiques de 25 % d’ici 2020 et 50 % d’ici 2025. » Le lien avec le glyphosate reste à expliquer, parce qu’il paraît bien difficile de retrouver des traces d’un herbicide systémique sur des fruits et légumes frais, lesquels auraient évidemment été desséchés au moindre contact avec la molécule. Quant aux objectifs législatifs français relatifs aux pesticides, ils sont certes intéressants à rappeler, mais n’évoquer que le cadre légal national entretient la confusion entre les F&L analysés et la production française.
    Pire encore, lorsque des médias européens, à l’instar d’Euronews.com, titrent « France : des fruits et légumes contaminés – Plus de deux fruits sur trois vendus en France contiendraient des pesticides, d’après un rapport de l’ONG Génération Futures publié ce jeudi », l’amalgame est total. Dommage.
    Rapport exhaustif téléchargeable ici : https://www.generations-futures.fr/actualites/residus-de-pesticides-2019/
    Décryptage rapport 2018 par végétable ici : http://vegetable.fr/2018/02/26/ce-que-dit-et-ne-dit-pas-le-rapport-de-generations-futures/

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