Agtech : des enjeux, des projets et des solutions

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    L’Euratech’day a mis l’accent sur les innovations qui accompagnent la transformation de l’agriculture et des énergies.

    L’incubateur et accélérateur de start-up d’Euratechnologies héberge aujourd’hui « plus de 300 entreprises », selon son directeur Mathieu Barlet. Il est situé à Willems (Nord), sur une ancienne friche industrielle de 100 000 m2. « Il nous permet d’éviter la solitude du créateur d’entreprise et de favoriser le dépassement du taux de survie des cinq ans des start-up. » Et il a organisé le 23 mars dernier un événement en ligne sur les nouvelles technologies pour répondre aux enjeux de la raréfaction des ressources, du changement climatique, de l’épuisement des sols… pour la réduction du gaspillage, l’optimisation de l’efficacité des modes de production et le développement de l’agriculture de précision…

    Plusieurs intervenants se sont succédés autour de tables rondes. Invivo a longuement témoigné, avec la voix de Rachel Kolbé, directrice RSE du groupe, qui a listé et parfois détaillé l’ensemble des projets du groupe sur ces enjeux de fond. Précisons que l’agrosystème Invivo (réunissant 201 coopératives pour un CA cumulé de 45 Md€) déploie une stratégie globale autour de cinq grands axes : produire en zéro résidu de pesticides, contribuer à la neutralité carbone, préserver et régénérer les sols, restaurer et produire de la biodiversité, et diversifier le revenu des agriculteurs.

    « Il y aura suffisamment de ressources pour nourrir la planète », a affirmé Olivier Dauger, président de la chambre d’agriculture des Hauts-de-France. Et d’enfoncer des portes ouvertes : « Le Giec n’a jamais parlé de décroissance. On a surtout besoin d’une évolution de l’agriculture. Le premier défi est de répondre aux besoins alimentaires. Le deuxième est que l’agriculture arrive à diminuer ses gaz à effet de serre pour répondre à une stratégie bas carbone. » Parmi les solutions afin de sortir du fossile, ont été citées l’agriculture de conservation, les nouvelles solutions de l’Agtech qui favorisent le stockage du carbone dans les sols et le développement de la bioéconomie, ou comment remettre la photosynthèse au cœur de l’économie, dans le cadre de la stratégie nationale lancée début 2017 par l’ancien ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll.

    Les sols, les capacités industrielles sont indéniablement les meilleurs atouts de cette région, qui a amorcé le virage de la diversification des productions. « Le groupe Bonduelle est né à côté de Saint-Omer, car c’est en Picardie que sont les meilleures terres au monde pour produire du haricot vert », a déclaré Anne-Sophie Fontaine, directrice RSE du groupe. « Pour nous agro-industriels, l’enjeu est d’assurer une alimentation saine qui puisse permettre à chacun de créer de la valeur et, dans ce but, des filières pérennes. Il y a quelques années, les consommateurs s’intéressaient aux marques et au plaisir. Aujourd’hui, ils souhaitent comprendre ce que font les entreprises derrière les marques. » Comme d’autres industriels (voir article sur les filières courtes maîtrisées dans ce même numéro), Bonduelle a décidé d’accompagner le retour de certaines filières dans le Nord, comme les légumineuses, et de développer en parallèle des programmes d’accompagnement de chefs cuisiniers de la restauration « pour qu’ils puissent composer des menus ». Le troisième pilier est l’éducation. « Le consommateur a besoin d’être éduqué pour manger bien, à des tarifs qui restent cohérents. »

    La start-up Les Blobs, créée en 2009, qui vise à « démocratiser l’agriculture urbaine par le jardinage collaboratif en ville », selon son créateur Cyprien Cambier, pourra peut-être participer, à son niveau, à l’éducation du consommateur. « Il y a un enjeu de communication positive de l’agriculture. On s’est un peu coupé du monde urbain. Des start-up viennent se greffer là-dessus et tant mieux. C’est un trait d’union entre ces deux mondes », ont souligné les deux précédents intervenants.

    © Euratechnologies