L’association Bleu-Blanc-Cœur a organisé une table ronde au sujet de l’optimisation nutritionnelle des fruits et légumes, le 28 février sur son stand du Salon de l’agriculture
Alors que les régimes alimentaires évoluent vers plus de végétal, plus de local, plus de durabilité, l’attention des consommateurs se porte également de plus en plus sur la qualité nutritionnelle. Dans ce contexte, les intervenants de la table ronde de Bleu-Blanc-Cœur, le 28 février au Salon de l’agriculture, ont rappelé l’importance de l’approche systémique, dans une logique « One Health ». Car la biodiversité végétale de notre alimentation a un impact sur la santé humaine et celle de la planète.
« Au départ de l’initiative de Bleu-Blanc-Cœur, les bonnes pratiques en élevage ont permis d’améliorer la densité nutritionnelle des produits d’origine animale, notamment sur leur teneur en oméga 3 », a rappelé Bernard Schmitt, médecin expert en nutrition clinique et cofondateur du mouvement Bleu-Blanc-Cœur. « Il reste à augmenter la part de protéine d’origine végétale dans notre alimentation. Aujourd’hui estimée à 35 %, elle devrait atteindre 50 % pour contribuer à entretenir correctement le microbiote, par exemple en combinant légumineuses et céréales. »
Comme les champignons telluriques structurent le sol et nourrissent les plantes, les fibres améliorent le transit digestif et nourrissent le microbiome, avec de nombreux effets, notamment sur l’humeur ou sur les inflammations chroniques. « Chaque espèce possède des fibres différentes qui nourrissent les microbes. Il faudrait consommer 25 espèces végétales différentes (fruits, légumes, céréales, champignons…) par semaine pour favoriser la bonne biodiversité du microbiote », a déclaré le biologiste Marc-André Selosse, soulignant l’importance d’ultra diversifier notre alimentation pour les omnivores que nous sommes.
Évaluer la densité nutritionnelle
Emmanuelle Limenton, spécialiste en nutrition à l’université de Rennes et experte en impact des régimes alimentaires sur la santé publique, est ensuite revenue sur les essais réalisés en partenariat avec la coopérative Océane sur les tomates cultivées en maraîchage sol vivant. Ce mode de culture améliorerait significativement les propriétés antioxydantes des tomates (+12 à 35 %). L’étude va être poursuivie sur d’autres variétés de tomates et espèces comme le blé ou les pommes. « L’enjeu est de trouver les marqueurs pertinents pour évaluer la densité nutritionnelle et rendre accessibles ces analyses pour tester plus largement le lien entre mode de culture et densité nutritionnelle », a ajouté Emmanuelle Limenton.
Des résultats inspirants selon Fruits rouges & Co, membre de Demain la Terre. En effet, dans le cadre de l’ouverture du nouveau Campus fruits rouges, Fruits rouges & Co projette de mesurer l’impact nutritionnel des techniques de cultures, notamment en agrivoltaïsme. « Souvent, ce ne sont pas les variétés les plus productives qui sont les plus riches en nutriments », a observé Mélanie Marchand, directrice des opérations de Fruits rouges & Co.
« Les petits fruits rouges sont naturellement riches en antioxydants et leur démocratisation (+35 % ces 5 dernières années) est une bonne nouvelle au niveau nutritionnel, mais comment sensibiliser les consommateurs alors que l’on ne peut pas communiquer sur les allégations santé ? » a-t-elle également interrogé.
« Une meilleure information et davantage de recommandations ne suffisent pas à changer les habitudes et les choix alimentaires », a regretté Marie-Benoît Magrini, économiste de l’Inrae, indiquant que les politiques publiques peuvent ou devraient soutenir les produits végétaux plus denses au niveau nutritionnel. « Le changement va coûter cher, mais le non-changement coûtera encore plus cher ! » Ce à quoi Marc-André Selosse a répondu : « Il faut payer un peu plus cher son alimentation chaque jour, sinon on récoltera une mauvaise santé à la fin de sa vie. »