Corse : virage agroécologique assumé

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    Agrucorse adossé à l’OP Terre d’Agrumes développe une démarche globale de durabilité depuis deux ans et compte progresser encore.

    On ne présente plus l’IGP Clémentine de Corse, acquise depuis 2007, qui a permis de mieux identifier, structurer et développer la production corse autour de variétés sélectionnées, « sans aucun activateur de coloration, pour un produit extra-frais au goût typique et acidulé », selon Marina Girard, technicienne verger et responsable biodiversité Agrucorse-Terre d’agrumes, qui fédère 37 producteurs, pour un tonnage de 8  000 t de clémentines, 1 200 de pomelo et 600 t de kiwi. Cette campagne s’annonce favorablement, avec près de 30 000 t sous IGP dans le bassin.

    Agrucorse, depuis maintenant deux ans, s’est engagé vers l’agroécologie et conduit une partie de son verger – 50 ha à ce jour – cultivé « sans insecticides de synthèse, uniquement à l’aide de moyens de lutte biologiques ou de biocontrôle », précise Marina Girard. Les producteurs peuvent se baser sur un savoir-faire éprouvé en production biologique (100 ha convertis sur 350 ha, avec une accélération depuis 2017). Il permet de se réapproprier les fondamentaux, en maîtrisant mieux les cycles des ravageurs et la connaissance des populations auxiliaires, donc d’améliorer la maîtrise technique des vergers. Des indicateurs ont été déterminés pour mesurer l’efficacité de ces pratiques sur la durée. Ainsi, la biodiversité du sol est évaluée par le test de Berlèse (étude de la mésofaune du sol par un prélèvement de litière) ou le « test du slip » (mesure de la vitesse de dégradation du vêtement, rendant compte de la vie du sol), l’étude des insectes du feuillage grâce à un relevé par battage. « Pour construire notre indicateur de biodiversité, j’utilise l’indice de Shannon », explique Marina Girard. « Nous attribuons un score qui nous permet de voir si nos pratiques améliorent la biodiversité. Avec un recul de deux ans, il est un peu tôt pour en tirer des conclusions, mais nous sommes dans la construction sur le long terme. » En parallèle, les producteurs généralisent les amendements organiques pour enrichir les sols, limitent le travail du sol, élargissent les inter-rangs, utilisent un scarificateur pour aérer les sols, installent des nichoirs à mésange et à chauve-souris, sèment des bandes fleuries…

    Depuis 2019, 40 % des exploitations de l’OP Terre d’Agrumes sont certifiées HVE, à raison de 10 à 15 % de croissance par an. Agrucorse entend poursuivre cette démarche avec l’objectif de faire certifier l’ensemble de ses apporteurs.

    © DR