Cop 26 : le rôle des fruits et légumes réaffirmé lors des débats

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    Les organisations représentant l’agriculture, le secteur forestier et les fruits et légumes ont joué leur rôle lors de la Cop 26 sur le changement climatique. À savoir si elles ont été entendues.

    Que retenir de cette Cop 26 (26e Conférence des parties des Nations unies) sur le changement climatique, qui s’est tenue du 31 octobre au 12 novembre à Glasgow ? Globalement, une déferlante d’articles dans les médias grand public et de grande diffusion, pointant un « décalage » sinon un « fossé », pour paraphraser les propos d’un expert mondialement reconnu en climatologie comme Jean Jouzel, entre les décisions prises par les gouvernants des pays les plus polluants et l’urgence climatique actuelle et pour le futur. Une urgence qui engendre chez certains citoyens, notamment les plus jeunes, un « éco-stress » grandissant.

    Dans notre domaine spécialisé de l’agriculture et plus spécifiquement des fruits et légumes, les voix ont été plus timides et se sont cantonnées majoritairement à une échelle européenne. Si le Copa et la Cogeca, qui représentent la voix unie des agriculteurs et leurs coopératives en Europe, ont « salué » l’ouverture de cette conférence mondiale rappelant avoir été « un participant actif et partisan de l’Accord », ils auraient souhaité que « l’accent soit davantage mis sur ces secteurs essentiels que sont l’agriculture et la foresterie pour atteindre les objectifs ambitieux en matière de changement climatique tels que définis dans l’Accord de Paris ».  Et de rappeler que le modèle agricole de l’UE « fait partie des systèmes agricoles les plus efficaces au monde, avec une augmentation globale de la productivité de 25 % depuis 1990, tout en réduisant ses émissions de GES de 20 % sur la même période ». « Si une transition équitable doit être réalisée, toute restriction de l’utilisation des terres et des intrants agricoles essentiels doit avoir de véritables alternatives et ressources de compensation en place », d’après ces organisations. Sans surprise, l’interprofession européenne des fruits et légumes frais Freshfel Europe, a exhorté les décideurs européens et mondiaux « à ne pas sous-estimer le rôle que les fruits et légumes peuvent jouer dans la réalisation d’une planète et d’une population en bonne santé » (avec un minimum de consommation recommandé de 400 g par jour par l’OMS au niveau mondial) et « à ne pas ignorer que les fruits et légumes sont l’une des filières à impact environnemental le plus faible dans l’agroalimentaire ». Il convient donc de « capitaliser sur une alimentation durable avec des fruits et légumes en priorité pour aider à atteindre les objectifs climatiques mondiaux ». L’organisation a rappelé les actions déjà engagées en faveur d’une diminution de l’impact climatique de ce secteur, dans le cadre du Green deal ou de la stratégie Farm to fork de la Commission européenne.

    © Xavier Remongin /agriculture.gouv.fr

    Rappelons que la Cop 26 était un rendez-vous mondial centré sur les engagements pris dans le cadre de l’accord de Paris lors de la Cop 21. Concrètement, cette Cop 26 est un « moment important, coché d’une croix dans l’agenda depuis la signature des accords de Paris en 2015 », a expliqué Henri Waisman*, le 20 octobre dernier à Paris Alors que ces accords de Paris ont permis aux états qui s’engageaient en faveur du climat de décider d’ambitions et d’objectifs, le rôle de la Cop 26 est intermédiaire. Elle est un des « cycles de soumission au cours desquels les états sont sensés réviser progressivement leurs ambitions, partant d’un constat d’un écart entre la combinaison des engagements et la réalité actuelle », à savoir la réduction des gaz à effet de serre et la limitation de la hausse des températures à 1,5°C sur la planète par rapport à un niveau pré-industriel. « Ce n’est pas grave si l’on constate une incohérence en 2021, mais il faut la corriger. Donc cet instant de la Cop 26 est un moment de vérité extrêmement important : c’est la fin d’un cycle, le moment où les états doivent évaluer leurs progrès réalisés et soumettre une composition révisée de leur feuille de route. » La prochaine révision des contributions nationales aura lieu en 2025.

    Pour terminer sur une note « positive », précisons que, selon Sébastien Treyer, directeur général de l’Iddri (Institut de recherche indépendant du développement durable et des relations internationales), « l’Europe est un peu Bisounours au milieu, entre la Chine et les États-Unis, mais je suis convaincu qu’elle a un vrai rôle à jouer. Elle a déjà fait beaucoup, elle s’était substituée pendant la présidence Trump. La dynamique économique de l’Europe peut être un vrai pôle d’attractivité. »

    * Chercheur et coordinateur de l’équipe DDP (Deep Decarbonization Pathways*) de l’Iddri : prise en compte des progrès déjà effectués, dans différents secteurs économiques et dans différents pays, pour mesurer concrètement les premiers effets tangibles de l’accord de Paris.

    Henri Waisman, et Lola Vallejo, de l’Iddri, lors de conférence de presse de pré-Cop 26, le 20 octobre à Paris. © DR