Biodiversité et agroécologie : comment Lidl travaille avec les filières ?

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    Tel était le thème d’une conférence organisée à l’occasion du Salon de l’agriculture le 1er mars dernier à Paris. L’enseigne avance désormais à grande échelle sur ces enjeux.

    Conférence Lidl au SIA 2024
    Ariel Doudet,responsable technique Vitalis, et Marianne Naudin, chef de projets RSE achats Lidl. © végétable

    « Nous faisons face à des défis inédits, avec des enjeux interconnectés. Le climat est la troisième cause d’érosion de la biodiversité, si on n’atteint pas les Accords de Paris. L’effondrement de la biodiversité a des répercussions économiques et est à relier au climat. La banque mondiale estime que 40 % des conflits sont causés, aggravés par les perturbations dans les ressources naturelles. Nous ne pouvons pas traiter les symptômes un par un, mais ensemble dans une démarche holistique. Et nous voulons traiter ces sujets à notre échelle », introduit Isabelle Hoffmann, responsable RSE achats de Lidl. Alors l’enseigne déroule sa feuille de route et surtout une méthode. Développée depuis 2020 en filière fruits et légumes, d’abord en pommes de terre, exotiques, bananes ou pommes-poires, elle entend désormais l’étendre à 67 filières (et non plus 12), réunissant 150 fournisseurs, en arboriculture, maraîchage (hors sol et pleine terre), grandes cultures et grand import. La clé de voûte de cette méthode repose sur la « coconstruction ». « Nous travaillons en étroite collaboration avec nos fournisseurs et l’ensemble des parties prenantes externes (ONG, interprofessions, bureaux d’études, experts…) pour pousser notre progression. Sur le marché français, nous déployons une approche assez unique et exemplaire », explique Marianne Naudin, chef de projets senior RSE achats. Le témoignage de fournisseurs aux côtés de l’enseigne, tel Ariel Doudet, responsable technique du réseau Vitalis en pomme de terre, permet d’illustrer cette façon d’agir et de progresser ensemble, en concertation, en transparence… et avec la société civile. « En aucun cas, Lidl ne s’impose en donneur d’ordre envers le monde agricole », précise encore Michel Biero, président de Lidl France. « Notre objectif est bien d’accompagner les agriculteurs dans une transition agroécologique qu’ils ont déjà engagée. Notre stratégie repose sur des changements structurels dans nos filières, à l’échelle des territoires. »

    Quatre projets pilotes et des feuilles de route

    Concrètement, 28 comités réunissant fournisseurs et acheteurs fruits et légumes de Lidl en 2 comités élargis composés de plus de 20 parties prenantes externes ont été organisés. Charge à eux d’identifier les enjeux, les objectifs clés à atteindre, et de dérouler une feuille de route propre à chaque filière, et surtout révisable dans le temps, intégrant les nouvelles contraintes du monde agricole. Ces quatre dernières années, Lidl et ses partenaires ont ainsi abouti à 9 feuilles de route pour 12 filières coconstruites avec 26 fournisseurs considérés comme stratégiques. Sur la partie environnementale spécifiquement, l’enseigne a défini 53 objectifs dont 24 relatifs à la biodiversité dans le champ des « pesticides », la « santé des sols et des paysages », la « déforestation ». L’enseigne continue d’agir sur quatre projets pilotes : agriculture régénératrice en filière pomme de terre depuis 2020, financement de jachères fleuries en pommes de terre et oignons, réduction des pesticides en bananeraie en Colombie, « revenu décent » dans un projet banane en Côte d’Ivoire.

    Coopération et concertation totales

    Sur l’enjeu « santé des sols et des paysages » en particulier, Lidl a fixé les objectifs d’atteindre 10 % d’infrastructures agroécologiques sur chaque exploitation d’ici à 2030 et de sensibiliser 100 % des producteurs de pommes de terre aux pratiques régénératrices des sols d’ici à 2025. « Pour favoriser l’adhésion, nous avons réalisé beaucoup de pédagogie. Au début, les producteurs avaient du mal à remplacer un hectare de pomme de terre par des fleurs. Mais ils ont très vite observé l’intérêt agronomique, la réduction des pesticides ou l’amélioration de la santé des sols grâce aux jachères fleuries, en plus d’une montée en compétences sur le sujet. Nous sommes là pour créer des moments d’échanges entre producteurs. Et je souligne que nous avons une enseigne qui a ses objectifs RSE couplés aux achats. C’est vraiment intéressant », témoigne Ariel Doudet.

    Autre exemple, celui du projet « Apiluz » présenté conjointement par l’enseigne et ses parties prenantes*, une illustration concrète qu’il est possible non seulement de changer la donne, mais de renverser la tendance : ce n’est plus l’enseigne qui propose mais les agriculteurs qui « poussent » à augmenter le nombre de bandes fleuries dans les champs ! Ce projet mené dans la Marne vise à maintenir des bandes de luzerne non fauchées dans les champs pour répondre à la disette alimentaire des pollinisateurs au printemps. Il engage 6 coopératives, la chambre d’agriculture de la Marne, le Crédit agricole et la Fondation Avril. L’action de Lidl ? Financer le « manque à gagner » (ou plutôt les services environnementaux fournis par les agriculteurs) pendant la mise en place du projet. Quant à savoir si le consommateur final est conscient de ces engagements et prêt à payer, il y a encore un pas à franchir, que l’enseigne s’efforce de combler filière après filière et action après action. « N’oublions pas que l’inaction a un coût et que l’essentiel des transitions étaient déjà engagés par les agriculteurs. Le consommateur n’est pas encore prêt à payer, mais il est sensibilisé. Nous récupérons du budget sur le coût de l’inaction et des externalités négatives. Notre prochain chantier est la juste rémunération du producteur, notamment en élevage », complète Isabelle Hoffmann.

    Conférence Lidl au SIA 2024
    Michel Biero, président de Lidl. © végétable