Bientôt le déploiement de l’affichage environnemental

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    La filière s’active pour fiabiliser une méthode permettant de déployer à grande échelle un score environnemental sur les produits alimentaires courant 2024, point de repère des consommateurs.

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    Le collectif Planet-score avait invité la filière à réfléchir en juillet dernier à Paris. Mais le Planet-score ne sera pas l’affichage officiel retenu. © végétable

    Courant 2024, un nouvel affichage devrait apparaître sur les produits alimentaires, une sorte de « nutriscore » version environnementale, pour un déploiement progressif sur la durée, indique le ministère de la Transition écologique. Le but : « apporter aux consommateurs une information simple et transparente sur l’impact environnemental des produits alimentaires », selon le ministère de la Transition écologique.

    Quelques produits de grande consommation arborent déjà un score environnemental dans les rayons, notamment au travers du Planet-score® qui se développe à grande échelle (12 pays européens, 80 marques qui l’affichent on-pack et 300 marques qui travaillent encore sur son évaluation). Basé sur trois grands critères (pesticides, biodiversité, climat), porté par l’Itab, côté technique, il s’appuie sur la base de données d’état (Agribalyse de l’Ademe), en y ajoutant des indicateurs complémentaires. Mais en coulisses la bataille fait rage, concernant les méthodes de calcul retenues, et le lobbying est intense, au risque de brouiller autant les pistes que les consommateurs.

    L’ACV, une méthode normalisée

    Reprenons le fil pour clarifier. Plusieurs expérimentations d’écoscores de produits alimentaires ont été réalisées depuis 2021. Elles ont permis d’explorer différentes méthodes de calcul et de modalités d’affichage du score d’impact environnemental. La France a retenu, au final, dans un consensus d’experts et de scientifiques, un projet de méthode qui s’appuie sur seize critères d’impacts de l’ACV (analyse du cycle de vie) des produits (changement climatique, épuisement des ressources, consommation d’eau, etc.), complétée par des critères valorisant la préservation de la biodiversité (infrastructures agroécologiques, diversité des cultures, etc.).

    Chaque critère est pondéré en fonction de son importance, évaluée par le comité d’experts et de scientifiques. Par exemple, le changement climatique a été jugé comme critère majeur et cumule le plus de points (22 %). Tout ceci repose sur une métabase de calcul, l’Agribalyse, l’outil du gouvernement pour l’affichage environnemental qui est l’Écobalyse français. Français, car la France a décidé de rajouter « sa patte » au cadre réglementaire européen, basé sur l’ACV, « notamment la valorisation des services écosystémiques ou la prise en compte des effets toxiques et écotoxiques des pesticides de synthèse », complète le ministère de la Transition écologique..

    La date du 1er janvier 2024 est toutefois hasardeuse… En cause, la lourdeur liée à la fiabilisation de la méthode filière par filière et l’attente de certains arbitrages. « On est encore en plein travail de mise à jour de la base de données Agribalyse, alimentant l’Écobalyse, qui fera office de référence pour le futur affichage environnemental », indique Ariane Grisey, ingénieure au CTIFL en charge de ce sujet.

    Une mise en place progressive

    Certaines spécificités sont difficiles à appréhender (les emballages, la fluctuation des approvisionnements propres aux fruits et légumes…). À noter que plusieurs niveaux d’affichage seront possibles (niveau 1, niveau 2…), mais à ce stade de nos connaissances, l’État s’engage pour le moment sur un niveau 1 pour un produit moyen. Quant à l’affichage à proprement parlé, un format et des modalités d’affichage seront précisés dans le cadre européen, pas encore connus à cette date. La mise en place de cet affichage environnemental devrait donc se faire progressivement.

    La réglementation aura au moins permis de coordonner toute une communauté scientifique mobilisée pleinement sur cette question de l’affichage environnemental, qui se retrouve dans le GIS Revalim (groupement d’intérêt scientifique sur l’évaluation environnementale des produits agricoles et alimentaires), incluant l’Ademe, l’Inrae, les Instituts techniques agricoles et alimentaires (Acta – dont le CTIFL pour notre filière – et Actia).

    « L’objectif est d’échanger et d’avancer sur le cadre méthodologique. On essaie de se décorréler du politique, pour dresser une méthode des plus solides, et cela prend beaucoup de temps », complète Ariane Grisey. De premières orientations méthodologiques ont été présentées depuis mars 2023, rendues accessibles sur Ecobalyse.