Les ventes de phytosanitaires diminuent en 2019

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    Les ventes de produits phytosanitaires (hors biocontrôle) chutent de 44 % en 2019 par rapport à 2018, et de 50 % pour les plus dangereux. Rattrapage des achats anticipés en 2018 ou confirmation d’une réelle transition des usages agricoles ?

    Suite aux débats de janvier 2020 concernant la hausse des ventes de produits phytosanitaires constatée en 2018, Elisabeth Borne, ministre de la Transition écologique et solidaire, et Didier Guillaume, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, s’étaient engagés à publier d’ici fin juin les quantités totales de substances actives de produits phytosanitaires vendus en 2019. Ces données ont ainsi été mises en ligne le 20 juin dernier. Ces chiffres, bien qu’encore provisoires, montrent une diminution significative des ventes de matières actives, et en particulier pour les produits les plus dangereux pour la santé et pour l’environnement :

    • Les quantités totales de substances actives vendues en usages agricoles, hors produits de biocontrôle, diminuent de 44 % entre 2018 et 2019 (- 28 078 tonnes), après avoir augmenté de 18 % entre 2017 et 2018 (+ 11 870 tonnes).

    • Les quantités totales de produits les plus préoccupants vendus (cancérigènes, mutagènes et reprotoxiques – CMR) diminuent de plus de 50 % en 2019 par rapport à 2018. Les quantités de glyphosate vendues diminuent de 35 % (- 3 358 tonnes) entre 2018 et 2019 après avoir augmenté de + 11 % (+ 999 tonnes) entre 2017 et 2018.

    • La part relative des produits de biocontrôle continue à augmenter, ce qui illustre une substitution progressive et régulière des substances les plus dangereuses par ces produits.

    D’après la communication officielle, « ces évolutions à la baisse compensent totalement l’augmentation des ventes observée en 2018 », en grande partie imputable aux achats anticipés avant la hausse de la redevance pour pollution diffuse du 1er janvier 2019. En effet, ces chiffres amènent à « une diminution de la moyenne triennale ».

    Ces résultats semblent bien s’inscrire dans la tendance que nous avions explicitée (voir végétable n°375 de mars, page 58) : une substitution progressive des substances les plus dangereuses (notament CMR) par des alternatives techniques ou de biocontrôle, dont le soufre. On peut ajouter que le climat exceptionnellement sec de l’année 2019, peu favorable aux maladies fongiques, a également pu limiter les besoins de traitement, à l’exact opposé du millésime humide de 2018.

    Bien sûr, il nous faudra attendre la fin de l’année et la publication du détail de ces premières données pour pouvoir confirmer ces interprétations. La décomposition de ces chiffres sera disponible selon les types de produits (CMR, biocontrôle), leurs usages (herbicide, fongicide, insecticide), et d’autres indicateurs. Malheureusement, le détail n’existe pas selon les types de culture. On ne peut donc pas analyser la situation spécifique des fruits et légumes parmi ces chiffres qui englobent toute l’agriculture française.

    Les données sont disponibles sur : glyphosate.gouv.fr et via une cartographie interactive qui affiche les quantités de phytosanitaires vendues par département et par type de substance : dataviz.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/produits_phytopharmaceutiques.

    © Jack F