Face à une ressource en eau sous pression, le Haut-commissariat au Plan anticipe des conflits d’usage d’ici 2050 et appelle à une transformation des pratiques pour limiter les tensions sur les écosystèmes.
Dans une nouvelle note d’analyse prospective, le haut-commissariat à la Stratégie et au Plan met en garde contre les tensions croissantes sur la ressource en eau à l’horizon 2050. « Comme on le craignait, le risque de tensions hydriques en 2050 est très fort. Dans tous les cas, on s’attend à une aggravation massive sur l’ensemble du territoire pendant les trois mois d’été, mais aussi l’hiver », alertent les auteurs de ce rapport.
Sur la base de travaux conduits avec France Stratégie, cette publication confronte les besoins futurs en eau aux ressources projetées, en tenant compte des effets combinés du changement climatique et de l’évolution des usages. L’étude s’appuie sur une modélisation fine du territoire métropolitain, découpé en 40 bassins versants et sur plusieurs indicateurs de tension hydrique pour identifier les périodes et zones les plus vulnérables.
Trois scénarios sont envisagés : un tendanciel prolongeant les dynamiques actuelles, un intégrant les politiques publiques récentes, et un dit de rupture, fondé sur une utilisation plus sobre de l’eau. Sans inflexion majeure, les résultats sont préoccupants. En cas de printemps-été sec, 88 % du territoire français serait en situation de tension hydrique modérée ou sévère en été à l’échelle des prélèvements, dans le scénario tendanciel. Ce taux descend à 67 % dans le scénario de rupture.
L’agriculture particulièrement concernée
« L’été 2022, qui avait été jugé exceptionnel avec 86 % du territoire soumis à des restrictions d’usages, devrait devenir une situation normale en 2050 compte tenu du réchauffement et des tensions sur la ressource. » Les conflits d’usage sont susceptibles de s’intensifier, avec des besoins non satisfaits pour les écosystèmes comme pour les activités humaines.
L’agriculture est particulièrement concernée puisqu’elle deviendra la première utilisatrice d’eau, avec environ 30 % des volumes. « Ces tensions pourraient même être aggravées par la dégradation de la qualité de l’eau », souligne Clément Beaune, haut-commissaire à la Stratégie et au Plan, dans son éditorial. Il appelle à une « prise de conscience immédiate » et à « des actions renforcées à court terme ».
Le rapport identifie plusieurs leviers d’action, notamment la régulation du développement de l’irrigation, le soutien à des pratiques agroécologiques plus économes en eau ou encore des politiques de sobriété dans l’ensemble des secteurs. Des choix structurants devront être opérés rapidement pour préserver la ressource et arbitrer entre ses différents usages.