Sia 2020 : dialoguer avec des consommateurs en quête de rassurance

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    Agriculture et commerce ont bien intégré les attentes des consommateurs pour un aliment plus sain, plus qualitatif, produit à proximité dans un environnement préservé, à prix maîtrisé, mais dans le respect du revenu du producteur. Ces oxymores sont désormais au cœur des messages et des échanges des parties prenantes.

    Le stand d’Interfel au Sia : la confiance des Français envers les fruits et légumes connaît une belle progression en 2019. © végétable

    Au Salon de l’agriculture, dès le lundi matin, la conférence de presse de l’Anses nous remet les pieds sur terre : l’horizon des risques sanitaires émergents sur le monde végétal n’a jamais été aussi large et préoccupant, mondialisation des échanges, changement climatique obligent. D’ailleurs, le virus récemment observé dans une serre de tomate bretonne est sur toutes les lèvres, au point de reléguer la punaise diabolique au rang des accessoires ! Au passage, il faut relever que les représentants professionnels, ici Laurent Bergé pour l’AOP Tomate et Concombre et Pierre-Yves Jestin pour Savéol, ont parfaitement géré la salve de questions suscitées par l’actualité. Oui, le monde agricole est plus que jamais exposé à la fragilité, malgré la sophistication croissante des outils disponibles.

    L’affluence est continue sur le stand 100 % carton de Pink Lady. © végétable

    Le hall 2.2 est désormais un haut lieu de la communication auprès du grand public pour la filière fruits et légumes. Il y a les habitués institutionnels comme Interfel, le CNIPT, qui en font un temps fort de leur communication annuelle, il y a aussi les collectives tel Vergers écoresponsables, l’association Pink Lady Europe, Demain la Terre, Les Amis de Juliet, les associés serristes du programme Cute, les acteurs économiques : Prince de Bretagne, Savéol, Innatis… qui multiplient ici conférences de presse et annonces. Le programme européen Cute vise notamment à rassurer le consommateur sur les modes de production de tomates, de concombre sous serre hors sol en s’appuyant sur la visite d’une serre mobile conçue à cet effet. 143 millions de consommateurs européens ont été touchés en 2019, une amplification est prévue pour 2020. Savéol répond aux préoccupations environnementales en présentant sa nouvelle gamme de barquettes intégralement en carton qui ménage astucieusement la visibilité du produit à l’intérieur. Dans le même temps, l’OP bretonne commence à déployer une gamme de produits bio qui amène les serristes à redécouvrir les sols de leurs serres.

    Denis Le Saint (Vivalya) et Geoffroy Cormorèche (Demain la Terre) ont signé un accord de partenariat le 24 février sur le stand de Demain la Terre au Sia. © végétable

    En signant solennellement un accord avec Demain la Terre, le réseau de grossistes Vivalya présidé par Denis Le Saint prend également date sur les valeurs véhiculées par ce collectif très en forme actuellement, très investi dans les valeurs du développement durable. Car le commerce, qu’il soit B to B ou B to C a bien compris qu’il fallait verdir le discours et donner des gages à la société en général et au consommateur en particulier. Les stands des enseignes Auchan, Intermarché, McDonald’s, Lidl, installés dans le hall 1 dédié à l’élevage, en témoignaient puissamment, avec une forme de surenchère de déclarations de respect du produit et du producteur. On aimerait être sûrs que ces adresses à la production, ciblant tout particulièrement la filière lait dont la souffrance est trop bien connue, reflètent une réelle prise considération de la valeur des hommes et de leur production. Les contournements récurents de l’esprit de la loi Egea nous laissent malheureusement en douter… En somme, ce salon avait vocation à retisser des liens par trop distendus entre le monde agricole et la société et entre le commerce et le monde agricole. Il y a encore de quoi faire !

    Interfel propose un rayon fruits et légumes de référence. © végétable
    Du lait français équitable sur le stand de Lidl. © végétable