Rencontres Blue Whale : « s’adapter à la nouvelle donne »

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    « Quelle arboriculture soutenable et souhaitable demain ? » : tel était le thème attendu des premières rencontres Blue Whale organisées le 1er février dernier à Montauban.

    © Blue Whale

    Les rencontres Blue Whale étaient programmées depuis l’automne et l’événement a mobilisé 250 personnes, tant en interne (producteurs) qu’en externe (parties prenantes de la filière et élus locaux), dans un format annuel destiné à être récurrent pour répondre aux grands enjeux qui se posent à la filière. En l’occurrence, cette année : « Face aux bouleversements climatiques et enjeux sociétaux, comment s’adapter à la nouvelle donne ? »

    Le président Christophe Belloc et le directeur général Bruno Bertheloz en ont indiqué la voie : celle de l’accompagnement des arboriculteurs à la transition vers l’agriculture régénératrice, nécessairement en coconstruction avec ses partenaires filière, distributeurs et industriels. Le groupe Bel était invité en Tribune pour partager sa vision, son ambition et les six axes mis en mouvement depuis un an sur cette voie. Elle suppose de s’engager sur le long terme, avec « ambition et innovation », pour pouvoir à la fois garantir de la rentabilité et de la productivité aux producteurs.

    Produire deux fois plus en France

    Car il va falloir continuer à produire, et même redoubler d’énergie pour y arriver ! Alors que deux tiers des Français n’atteignent toujours pas les recommandations officielles de consommation de 400 g de fruits et légumes par jour, qui est un enjeu de santé publique, « soit il va falloir produire deux fois plus en France, soit il va falloir importer plus ! Pour l’Europe, c’est la fin des “trente glandeuses” : notre continent doit se remettre à produire tout en restant engagé dans le combat climatique. C’est le rôle de l’agriculture, de Blue Whale, à s’engager sur ces deux fronts », a exposé Sébastien Abis, directeur général du club Demeter, instance fédérant experts et chercheurs tournés vers des problématiques de long terme à échelle mondiale.

    Dès lors, il ne voit pas de problème à ce que le Pacte vert (Green Deal) pour l’Europe soit ambitieux, car l’enjeu est de réduire nos émissions nettes de carbone sur la planète, mais « il devient nécessaire de construire la façon dont on va accompagner les producteurs dans les transitions, car ils ne pourront les supporter seuls », en appelant notamment à la puissance publique, qui joue un nouveau rôle clé.

    Point central de la matinée d’échanges : un débat engageant des producteurs et des experts sur l’eau et l’agriculture régénératrice pour comprendre techniquement comment cette voie de transition est possible concrètement. Dans un climat qui se réchauffe, l’eau et sa bonne gestion est la clé de voûte d’écosystèmes régénérés (stockage en hiver quand elle est abondante, restitution en été quand les besoins des campagnes et des villes sont les plus pressants, selon Jean-François Berthoumieu, expert eau est climat à l’ACMG (Association climatique de Moyenne-Garonne).

    Miser avant tout sur la génétique

    Le sol est ensuite le pivot de l’agriculture durable, dans une approche sol-plante-paysages emboîtés. « Les agriculteurs peuvent améliorer leur bilan humique via une meilleure gestion des matières organiques et en utilisant des couverts végétaux. C’est le végétal qui permet d’augmenter l’énergie disponible dans leur système sol », a rappelé Sébastien Roumegous, agronome spécialiste de l’agriculture régénératrice, fondateur de Biosphères.

    Dans un partage d’expérience aussi critique que limpide, le producteur Adnane Aouad, dirigeant de l’entreprise de production O’Terroir, au Maroc (370 ha de vergers arboricoles dans le Moyen Atlas confronté à une sécheresse sévère depuis cinq ans), voit des ruptures nécessaires : réapprendre le pilotage physiologique du végétal en situation extrême, c’est-à-dire miser avant tout sur la génétique, tester les variétés et les porte-greffe en permanence quitte à les réorienter, développer l’agriculture de précision et la piloter.

    Cherchant l’optimisation en permanence, l’arboriculteur et responsable technique Frédéric Aubert chez Blue Whale a présenté les projets qui s’inscrivent dans cette nouvelle voie, dans le but de les diffuser à grande échelle (GreenGo autour de la réduction de l’impact carbone, dont végétable s’est déjà fait l’écho), les pratiques d’agriculture régénératrices déjà engagées (implantation de couverts végétaux en verger et augmentation du taux de matière organique), gestion de l’irrigation, programmes de sélection variétale adaptées aux climats chauds, protection des vergers… ainsi que la nouvelle feuille de route autour de « (Ré)générationfruits », « qui porte l’ambition d’itinéraire technique du verger de demain », en intégrant également les enjeux de nutrition. Les producteurs ont ensuite pu partager une mise en pratique des travaux l’après-midi chez un arboriculteur de Blue Whale.