Le CTIFL de Lanxade accueillait 200 participants le jeudi 30 mai pour son événement Méca F&L, rendez-vous des techniques innovantes pour la filière, démonstrations à l’appui.
Initialement dédié aux techniques innovantes en arboriculture, la journée Méca F&L s’intéresse également aux solutions robotiques pour le maraîchage, avec la particularité de proposer des démonstrations de matériel in situ, sur des cultures spécialement réservées pour l’occasion. « Les thèmes évoluent chaque année. Dans le cadre du Parsada (Plan d’action stratégique pour l’anticipation du potentiel retrait européen des substances actives et le développement de techniques alternatives pour la protection des cultures) lancé en 2023 en vue d’une sortie des phytosanitaires, les instituts techniques ont été missionnés pour fournir des plans d’actions pour la recherche d’alternatives. Cela s’ancre aussi dans la feuille de route Neo Terra pour la transition écologique en Nouvelle-Aquitaine, soutenue par le Conseil régional. Pour cette édition, nous avons donc logiquement choisi d’orienter Méca F&L vers les solutions en lien avec la protection des cultures, qui incluent le numérique et le biocontrôle », a expliqué Karima Giresse, directrice du centre opérationnel de Lanxade.
L’événement, qui se tient tous les deux ans depuis 2015, affichait complet, « preuve que le sujet est bien aligné avec les préoccupations de la filière ». Une quinzaine de démonstrations sur les vergers, sous abris et sur cultures légumières en plein champ, étaient organisées par les fournisseurs partenaires. La matinée était consacrée à des présentations, pointant notamment le rôle du numérique dans l’épidémiosurveillance, indispensable dans un contexte de mondialisation des échanges du matériel végétal, propice à la circulation d’espèces nuisibles exotiques, comme Xylella fastidiosa, bactérie polyphage transmise par les cicadelles et déjà détectée dans le Sud de l’Italie, ou la mouche orientale, observée depuis fin 2023 dans le Sud-Est de la France, qui s’attaque aux plants d’agrumes mais potentiellement aussi aux cucurbitacées.
Volet imagerie et IA
« Les outils connectés sur smartphone permettent de saisir les observations directement sur la parcelle, avec une géolocalisation. Cela est beaucoup plus simple et rapide. Ainsi, une cartographie de la pression biotique peut être établie, ensuite valorisée dans les BSV (Bulletins de santé du végétal) », a déclaré Jérôme Jullien, expert à la DGAL. Drones, pièges connectés, capteurs au cœur des cultures capables de détecter précocement le stress des plantes viennent compléter les observations terrains pour anticiper les risques, grâce à l’analyse d’images et des modélisations issues de l’intelligence artificielle, et permettre aux producteurs de réagir au plus vite. Reste toutefois à intégrer ces solutions dans les itinéraires techniques et dimensionner les outils en fonction des besoins des exploitations.
« Les verrous scientifiques sont désormais levés avec le volet imagerie et l’IA, mais il faut continuer à améliorer la fiabilité des outils pour qu’ils soient adoptés par le plus grand nombre », a précisé Marine Louargant, responsable de l’unité mécanisation, automatisation, imagerie et capteurs au CTIFL. « Soyons audacieux, osons nous engager ensemble dans le grand défi robotique, qui pourra rendre unique notre filière française », a lancé son directeur Ludovic Guinard. « La France a fait le choix politique de financer l’innovation, ce qui donne un vrai coup de pouce aux start-up. Nous sommes observés au niveau international. »