L’Inrae à l’heure des métaprogrammes

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    L’unité de recherche agroécologie de l’Inrae de Dijon possède une serre abritant une collection de légumineuses. © Inrae / Christophe Maitre

    L’Inrae a présenté fin janvier ses priorités stratégiques pour les dix prochaines années, à horizon 2030. Il affiche une ambition à la mesure des enjeux planétaires, autour de cinq grandes orientations stratégiques et trois de politique générale.

    Confronté aux défis majeurs, à la fois globaux et locaux, qui nécessitent des transformations dans le domaine de l’agriculture, l’environnement et l’alimentation, l’Inrae (Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement), issu de la fusion Inra-Irstea il y a un an,  affiche une ambition nouvelle à échéance 2030. Redimensionnée à l’échelle européenne et internationale, celle-ci compte répondre à ces enjeux en matière de changement climatique, santé humaine et de la planète, transition des agricultures, préservation des ressources naturelles et de la biodiversité, anticipation et gestion des risques. « L’agriculture a toujours été un enjeu majeur pour l’humanité. Les réponses doivent être à la hauteur des défis qui se posent à nous. Nous avons recueilli plus de 2 600 contributions internes auprès de 12 000 personnes pour l’élaboration de cette feuille de route depuis un an », introduit Philippe Mauguin, président de l’institut, entouré de cinq membres de la direction générale en conférence de presse le 25 janvier. Ensemble, ils présentent les grandes lignes de ce plan (voir ci-dessous).

    Face à l’ampleur des défis, l’Inrae – positionné parmi les dix premiers établissements de recherche publique au monde pour contribuer aux objectifs de développement durable –  accélère ses travaux de recherche interdisciplinaires en « métaprogrammes » européens ou internationaux. « Déjà, les deux tiers de nos unités travaillent dans des unités mixtes de recherche, avec des écoles et universités. Et cette forme d’hybridation va continuer à se développer, de plus en plus à l’international. Plus de 50 % des publications ont lieu aujourd’hui à l’international. C’est un enjeu majeur pour notre capacité à relever les défis. Avec l’idée de développer des conventions d’objectifs et de moyens, et une politique coordonnée », précisent Philippe Mauguin, Jean-François Soussana, vice-président et expert du Giec*, et Carole Caranta, directrice générale déléguée adjointe à la science et l’innovation.

    Citons par exemple le lancement du métaprogramme Lima (Less inputs and more agroecology), projet européen qui devrait démarrer en octobre prochain, visant à réduire les phytos, fertilisants et perte de nutriments. Il concernera plusieurs cultures dont l’arboriculture, de la parcelle au territoire. En France, il implique l’unité d’Avignon. « Ce programme est emblématique de ce que nous voulons réaliser, au minimum au niveau européen, impliquant 58 partenaires dans 16 pays », souligne Philippe Mauguin. Dans le métaprogramme Better (Bioéconomie pour les territoires urbains), citons l’innovation mondiale en 2020 sur le recyclage des plastiques avec la société Carbios, l’Inrae (site de Toulouse) et le CNRS. Plus directement en lien avec l’actualité, précisons que l’Inrae est impliqué dans la prévention des pandémies en lien entre biodiversité et émergence de zoonoses à travers le programme Prezode, lancé au One planet summit, mobilisant plus de 400 personnes dans le monde. « Cette feuille de route est très importante pour nous. On pourrait la trouver globale mais nous allons la décliner. Dans le courant de l’année, nous travaillerons sur un projet de contrat d’objectifs et de moyens », explique Philippe Mauguin. Sur chacun des métaprogrammes, près de 500 000 € sont mobilisés chaque année. Et certains projets sollicitent du financement participatif, en écho à la volonté affichée de l’Inrae de s’engager « résolument dans des démarches de science ouverte et participative ».

    * Groupement d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat


    Un plan autour de 5 orientations scientifiques stratégiques et 3 orientations de politique générale

    OS 1 : Répondre aux enjeux environnementaux et gérer les risques associésOP 1 : Placer la science, l’innovation et l’expertise au cœur de nos relations avec la société pour renforcer notre culture de l’impact
    OS 2 : Accélérer les transitions agroécologique et alimentaire, en tenant compte des enjeux économiques et sociauxOP 2 : Être un acteur engagé dans les sites universitaires en France et un leader dans les partenariats européens et internationaux
    OS 3 : Développer une bioéconomie basée sur une utilisation sobre et circulaire des ressourcesOP 3 : Faire de la stratégie RSE (responsabilité sociale et environnementale) une priorité collective
    OS 4 : Favoriser une approche globale de la santé 
    OS 5 : Mobiliser la science des données et les technologies du numérique au service des transitions
    (Source : Inrae)
    François Laurens, du centre Inrae Pays de la Loire, a reçu le prix innovation pour la recherche, Laurier 2020.© Inrae / Christophe Maitre