L’heure du e-commerce alimentaire

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    S’appuyant sur les chiffres de Nielsen, la Fevad, Fédération du e-commerce et de la vente à distance, annonce des records de ventes alimentaires en France et ailleurs durant le confinement. Et la tendance pourrait perdurer.

    © Drive Fermier

    Le phénomène est mondial. La crise sanitaire a suscité des comportements inédits des consommateurs en matière de lieux d’achat. Le phénomène s’est amorcé en Chine dès le début de l’année avec un fort recul des magasins physiques sur les ventes de PGC et une puissante dynamique du e-commerce. L’explosion des ventes alimentaires online a suivi en Europe (Espagne, Italie, France) à partir de fin février et celle-ci ne semble pas se démentir ensuite, en période de déconfinement. En France, la progression des ventes en ligne est restée supérieure à celle des ventes offline durant toute la période d’achats de panique (semaines 9 à 11), quand les Français anticipaient le confinement et craignaient des pénuries. Les ventes online ont poursuivi une trajectoire exceptionnelle durant les huit semaines de confinement. Alors que le e-commerce pesait 5,7 % des ventes en 2019, il a pu dépasser les 10 points de parts de marché sur la grande consommation durant cette période. Cette progression semble résister au déconfinement, au moins dans l’immédiat, avec des ventes online en hausse de 66 % par rapport à 2019 au cours de la semaine qui a suivi le 11 mai 2020.

    La situation française est toujours spécifique, avec la place majeure occupée par les drives d’hyper et supermarchés qui assurent ainsi l’essentiel des ventes online de produits alimentaires (90 %). Mais la livraison à domicile, proposée par les grandes enseignes de la distribution ou par des pure- players du e-commerce, profite également des circonstances. Les drives piétons des hyper et supermarchés complètent le dispositif. Pour Marc Lolivier, délégué général de la Fevad, « la séquence du Covid-19 a été à la fois un accélérateur de transformation digitale et le révélateur de la capacité des acteurs traditionnels à s’adapter aux nouvelles exigences des consommateurs nées de la crise sanitaire. Très clairement, les distributeurs français ont fait preuve d’une remarquable agilité et d’une grande réactivité pendant la crise, trouvant de nouvelles solutions et développant le click & collect pour contourner les difficultés logistiques ». Le drive était le circuit principal de 5 % des ménages avant le Covid, il l’était pour deux fois plus de foyers pendant le confinement. Mais le drive et le e-commerce en général ont surtout recruté de nouveaux adeptes pendant cette séquence inédite, passant de 5 millions d’acheteurs mensuels à 7,4 millions lors du premier mois de confinement, soit 50 % de plus !

    Les achats en ligne ont été pratiqués par une nouvelle clientèle en quête de distanciation physique, privilégiant les circuits limitant les déplacements pour minimiser les contacts avec autrui et les risques de contamination. Les foyers retraités notamment, sont largement surreprésentés parmi ces nouveaux adeptes du web alimentaire. « L’enjeu des mois à venir sera pour les distributeurs de garder cette clientèle nouvellement acquise, en maintenant le lien tout d’abord (e-mailing, envoi d’offres ciblées) et en soignant l’expérience client (accessibilité des sites web, disponibilité des créneaux, qualité du service de retrait des commandes…). C’est à ce prix que les distributeurs pourront consolider un lien encore fragile », conclut Daniel Ducrocq, directeur services à la distribution chez Nielsen.