Les investissements au premier plan

    0
    1157

    Julien Denormandie, ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, a présenté ses vœux à la presse le 4 janvier. Plus qu’un discours classique, il a insisté sur le bilan de son action autour de deux axes principaux : la souveraineté alimentaire et le plan France 2030. 2022 est aussi une année électorale particulière…

    Passée la formalité des vœux, chaleureux malgré la crise sanitaire plombant l’ambiance – et une visioconférence de plus ! –, le ministre Julien Denormandie a d’emblée annoncé son souhait : « Renforcer notre souveraineté alimentaire : il serait pure folie de la déléguer à d’autres. C’est le vœu de notre président et un pilier de la politique que je mène depuis un an et demi. » Il a alors insisté sur le plan d’investissement « massif » déployé à travers deux dispositifs : France Relance, pour lequel 90 % des fonds sont déjà déployés au travers de 17 000 projets (enveloppe de 1,4 Md€), et le plan France 2030 présenté en octobre dernier (2,8 Md€), soit un plan d’investissement total de 4,2 Md€ en faveur des transitions dans les filières agricoles et alimentaires. « Le déploiement de France 2030, nous allons le faire de manière très forte. 800 M€ sont déjà employés au titre du PIA4*, ce qui doit permettre de financer la R&D. Nous sommes à l’aube d’une troisième révolution agricole, nous devons investir massivement dans la génétique, la robotique, le biocontrôle. »

    © végétable

    Le ministre est également revenu sur l’adaptation aux diverses crises de 2021 (outre la Covid), en particulier du climat avec ce plan d’indemnisation global d’1 Md€, « dont 100 M€ ont déjà été déboursés au bénéfice des agriculteurs », en premier lieu nos filières spécialisées, avant de « s’attaquer » aux viticulteurs. Il a détaillé les mesures liées à d’autres crises concernant le secteur de l’élevage, et toutes les interdictions ou projets qui le touchent, notamment sur le volet santé/bien-être. Il a rappelé les avancées de quelques réformes sociales pour les agriculteurs : sur le sujet des retraites, avec une double revalorisation (105 € mensuels en moyenne et celle des conjointes), sur l’amélioration des équilibres de vie (congés parentaux, réforme de l’apprentissage depuis 2018).

    Les autres chantiers ou sujets brûlants ont également été passés en revue, notamment le Plan pollinisateur, le Varenne de l’eau dont végétable s’est déjà fait l’écho, ou le sujet des ZNT, avec la promesse de « stabiliser le cadre ». « Ce sont des injonctions du Conseil d’état et non une décision gouvernementale, auxquelles nous devons nous soustraire. »  Sur le Varenne de l’eau, des groupes de travail doivent encore remettre leurs conclusions. « Il y a un très fort engouement. Nous sommes dans un cycle de solutions et non de discussions. » Dans la suite du projet de loi concernant la couverture des risques agricoles exceptionnels, le GT2 (groupe de travail 2) sur la résilience en eau a rendu ses travaux avant les fêtes au travers de chartes d’engagements filière par filière « pour mettre en place des stratégies d’anticipation. C’est un point de non retour, une structure de suivi. Nous avons doublé les financements de France Relance sur le sujet de la gestion de l’eau ». Le GT3 qui planche sur la gestion de la ressource en eau doit remettre ses conclusions à la fin du mois. Le but est d’anticiper les stratégies, bassin versant par bassin versant, pour réussir enfin à créer des consensus sur les nouveaux moyens d’utilisation de l’eau. La quatrième priorité concerne le renforcement de la filière bois-forêt française, avec une prochaine échéance à mi-février.

    Enfin, cette année démarre par la présidence française du Conseil de l’Union européenne, avec un souhait de porter les priorités françaises à une échelle européenne. La souveraineté alimentaire est souhaitée comme un « angle très fort », au même titre que la lutte contre les distorsions à l’intérieur même de l’UE, la réciprocité des normes vis-à-vis des pays tiers, et porter le sujet des produits phytosanitaires à une dimension européenne. Un dernier point : la question du carbone. « Il nous faut voir comment permettre la création de valeur à la fois environnementale et économique et inciter à ce que tous les pays la prennent en compte. »

    Julien Denormandie a terminé ses vœux en citant le philosophe et sociologue centenaire Edgar Morin : « À force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel. » Et de préciser, pour le compte de la politique menée : « Ici nous sommes bien dans l’urgence de l’essentiel, c’est très important. »

    * 4e programme d’investissement d’avenir