Barbecue en Afrique du Sud

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    Si vous vous demandez encore pourquoi l’équipe des Springboks gagne souvent au rugby, je vous invite à un barbecue avec des producteurs d’agrumes Sudaf. Chaque année, j’ai la chance de me rendre sur place pour préparer la campagne d’agrumes et, une fois nos affaires calées, nous pouvons un peu nous détendre. Le lieu : un lodge au milieu de la brousse ou nous nous rendons en pickup allongé capable d’emporter 12 personnes de taille normale (ou une trentaine de japonais sans matériel photo, ou une centaine d’erythréens, au choix…). Déjà à l’arrivée, le chauffeur/ guide façon Crocodile Dundee après un traitement à la cortisone, j’avais des doutes… Au menu, viande : séchée (le fameux biltong, théoriquement préparé avec des espèces connues, mais, dans les faits, on y met a peu près toute la viande de brousse qui a percuté le pare-buffles), grillée sur des appareils de la taille du lit de Michael Jordan, voire crue si le préposé aux brochettes ne va pas assez vite. Il est vivement conseillé de bien se servir au début du repas car vous ne pourrez probablement plus utiliser votre main droite durant plusieurs semaines une fois que vous aurez salué de façon virile les invités. Je mesure 1m90 pour plus de 100 kilos mais suis invariablement le plus petit des convives… À boire : rhum coca Captain Morgan mais le responsable des courses a juste oublié d’acheter du coca, donc, question dosage, on fait simple. Vin blanc également, au cas ou une épouse inconsciente aurait insisté pour venir, mais ne pas préciser que les cépages sont français et que, sans notre savoir faire… question de survie. Après quelques gobelets, vous vous demandez pourquoi il y a des hamacs disposés autour du feu de camp, sauf que ce ne sont pas des hamacs mais des sièges, tant les mensurations de nos amis sont proches de celles d’un combiné bi-compresseur Miele avec distributeur de glaçons. En fin de soirée, l’alcool rapprochant les cœurs, on racontera en riant toujours autant l’histoire de Pieter, obligé de dormir dans la cabane des toilettes à cause d’un lion faisant la sieste juste devant ou de Horst, un peu alcoolisé, se croyant attaqué par un Black Mamba alors qu’il était simplement à l’urinoir a côté de son chef de station Zulu. Si vous avez froid, on vous prêtera une doudoune 3 tailles trop grandes mais, pas d’inquiétude, le Captain Morgan et les claques dans le dos qui vous décrochent un poumon à chaque fois feront que vous n’aurez jamais froid…
    J’aime ces moments de convivialité simple, entre gens solidaires autour d’un métier dur et dangereux, si loin des pince-fesses ou il faut se battre pour une verrine de guacamole et une demi flûte de mauvais mousseux, ou le seul danger est de ne pas trouver de taxi quand maman sera ‘pompette’ et voudra rentrer s’endormir sur le dernier Musso…