De la valeur ajoutée de l’engagement féminin

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    À l’occasion du 67e congrès de Légumes de France, trois entrepreneuses inspirantes ont ouvert la réflexion sur la place des femmes dans l’agriculture.

    © végétable

    Le congrès Légumes de France a mis en lumière une thématique encore rare dans la filière : la place des femmes dans l’agriculture, aujourd’hui et demain. Le 21 novembre à Agen, une table ronde inspirante, menée par trois femmes engagées, a permis d’ouvrir le débat sur ce sujet crucial, à tort considéré comme « non prioritaire » par certains, compte tenu du contexte de crise.

    Quelques chiffres pour resituer d’abord : moins de 30 % des chefs d’exploitation sont des cheffes. Les femmes représentent 38 % des salariés agricoles, avec le plus souvent des emplois précaires. Enfin, leur présence au sein des conseils d’administration reste marginale (9 %). Une réalité qui pose la question de la mixité et du renouvellement dans un secteur en quête d’attractivité.

    Un levier de transformation

    François Purseigle, sociologue, a ouvert la discussion en soulignant que « les exploitations agricoles sont de plus en plus des entreprises comme les autres. Il est temps de dépasser l’image fantasmée d’une agriculture paysanne ». Dans ces structures, les femmes, souvent diplômées et venant d’autres secteurs professionnels, insufflent une nouvelle approche de la gestion et du management. « Les entreprises où les femmes sont davantage représentées, y compris dans la gouvernance, gagnent en compétitivité. Les chiffres des entreprises du CAC40 le prouvent », a appuyé Audrey Bourolleau, fondatrice d’Hectar et cheffe d’exploitation. Elle a également insisté sur la nécessité de repenser le métier de chef d’exploitation comme celui d’un entrepreneur, capable de s’entourer de prestataires et de travailler sur la réduction pour tous de la pénibilité.

    Déconstruire les stéréotypes

    Anne-Cécile Suzanne, exploitante en polyculture-élevage et consultante, a témoigné de la difficulté des femmes à se sentir légitimes dans ce milieu encore très codifié. « Nous n’avons pas les codes », a-t-elle confié. « Il reste encore à déconstruire les stéréotypes de genre. » Constat partagé par Anne Dumonnet-Leca, présidente de Vox Demeter, qui a également observé que dans les OPA (Organisations professionnelles agricoles), les femmes sont souvent cantonnées à des sujets « annexes », tels que le social ou l’environnement.

    Des enjeux pour l’avenir

    Au-delà de la place des femmes, cette discussion résonne avec des enjeux plus larges : l’attractivité des métiers agricoles, le renouvellement des générations et l’intégration de profils atypiques. « Les femmes, souvent plus prudentes, portent des projets solides et fiables dans la durée, mais elles doivent encore faire face à la frilosité des financeurs. » Cette table ronde a marqué un tournant en posant les bases d’une réflexion collective sur la mixité, la gouvernance et l’avenir de l’agriculture française.