Le Medfel dans une dynamique d’avenir

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    Le salon Medfel a connu une belle reprise pour son édition 2022. Il a réuni cette année 200 exposants du secteur fruits et légumes, attachés à positiver malgré les difficultés économiques et un contexte géopolitique compliqué.

    Organisé à Perpignan les 27 et 28 avril, le Medfel a réuni les professionnels du secteur fruits et légumes. Il a apporté un éclairage sur la structuration des filières en France, avec notamment le témoignage de la Compagnie des amandes (voir actu à venir), mais aussi pour se projeter dans l’avenir de l’agriculture, autour de tables rondes avec les interventions des différents représentants de la filière autour de thématiques comme le label bas carbone, la réduction des intrants et l’importance de la préservation du sol. L’occasion pour le public de remettre en question la multiplication des labels et la complexité administrative des dossiers. Comme il en est coutume, cet événement était l’occasion d’annoncer les prévisions européennes de récolte de melons et d’abricots (voir actus précédentes, des 3 et 4 mai). Cette année, les produits bio étaient spécialement mis en avant autour d’un « organic market », avec une cinquantaine d’exposants, l’Occitanie y étant particulièrement attachée en tant que première région française en bio. Concernant la fréquentation du salon, 3 151 professionnels des fruits et légumes étaient au rendez-vous pour cette édition et 1 030 rendez-vous d’affaires ont été enregistrés entre exposants et visiteurs.

    Les visiteurs ont manifesté un vif intérêt pour les interventions des deux grands témoins de cette édition. Convié à partager son analyse des enjeux sociétaux et environnement pour la filière fruits et légumes, David Djaïz, essayiste et enseignant à Sciences Po, a prôné un modèle qui donne toute sa place à l’agriculture dans un nouveau projet de société, affirmant que « l’agriculture et la transition énergétique doivent être remis au centre du contrat social » : « Il ne faut pas simplement imposer des contraintes à l’agriculture et superposer des normes. Il faut inventer ensemble un nouveau modèle, qui récompense les chemins de l’amélioration en accompagnant les producteurs. » 

    Autre grand témoin de ce salon, Olivier Dauvers, spécialiste du retail depuis trente ans, a partagé avec un public captivé ses observations chiffrées autour des stratégies des enseignes de la distribution. En priorisant la fraîcheur des produits en rayon grâce à des livraisons quotidiennes et un assortiment restreint (140 références), Lidl affiche la meilleure progression de part de marché sur le rayon F&L (10,9 %). « Raccourcir les temps logistiques, c’est le nerf de la guerre », a expliqué Olivier Dauvers. Avant de revenir sur la dynamique toujours favorable des spécialistes, Grand Frais en tête (entre + 20 et 40 % entre 2019 et 2021 pour les grandes surfaces frais contre + 5 % pour les grandes surfaces alimentaires).

    Une des tables rondes a été dédiée au label bas carbone. Méthode très complexe et qui nécessite un accompagnement des producteurs, de l’aveu de François Moulias, directeur général de la Compagnie des amandes et de COresponsables. « Conçue pour certifier des projets et approuvée par le ministère de la Transition écologique, la méthode bas carbone pousse les exploitants à adopter de bonnes pratiques de réduction des émissions de carbone et à mettre en place des indicateurs mais n’a pas pour vocation de communiquer auprès du grand public », a-t-il rappelé. « Il s’agit d’un service rendu par l’agriculteur à la société et aux citoyens, plutôt qu’aux consommateurs, qui pour l’instant ne sont pas clairement demandeurs », a ajouté Bertrand Swiderski, directeur du développement durable chez Carrefour. « Chacun doit être responsable de son impact carbone à son niveau dans la filière, jusqu’au consommateur. »

    La table ronde du Medfel « Label bas carbone » a été animée par Florence Rabut, le mercredi 27 avril. Avec Xavier Le Clanche, animateur de la démarche qualité Vergers écoresponsables de l’ANPP, Bertrand Swiderski, directeur RSE du groupe Carrefour, Étienne Variot, fondateur de la start-up Rize, et François Moulias, DG de la Compagnie des amandes. © végétable

    La dernière table ronde a fait la part belle à l’importance du sol. Plusieurs retours d’expérience en agriculture de conservation ont confirmé l’intérêt de stimuler la vie du sol et la biodiversité. « On est contents de voir des vers de terre quand on fait un profil : c’est le résultat concret et visible du changement des pratiques », s’est enthousiasmé Yohann Lethoueil, arboriculteur du groupe Pom’évasion. L’effet bénéfique des plantes de services et couverts végétaux a également été démontré, et comme l’a souligné Xavier Dubreucq, conseiller technique en cultures légumières, « on commence à avoir des références solides en maraîchage depuis quelques années, avec d’excellents résultats en melon. Les itinéraires techniques sont maintenant sécurisés. »

    « L’enjeu désormais est de diffuser ces connaissances via des outils libres d’accès et de mettre en relation les producteurs engagés pour massifier la transition. Au-delà de la formation initiale des jeunes agriculteurs, cela sera le rôle des techniciens qui accompagnent les producteurs », a précisé Anne Trombini, directrice de l’association PADV (Pour une agriculture du vivant). « Il faut repenser un nouveau projet agricole et intéresser les pouvoirs publics, pour engager une planification de la transition. »

    La table ronde « Le sol, cet autre être vivant », également animée par Florence Rabut, a eu lieu le jeudi 28 avril au Medfel. Avec Xavier Dubreucq, conseiller technique en cultures légumières, Sébastien Serot, responsable technique, le producteur Yohann Le Thoueil, de Pom’évasion, Anne Trombini, directrice de Pour une agriculture du Vivant, et Jérôme Fanet, directeur des achats de Pomona. © végétable