La poire relève le défi de la pomme !

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    Longtemps reléguée au second rang pour de plus ou moins bonnes raisons, la poire sort de l’ombre de la pomme, retrouve de sa superbe un peu partout dans le monde, comme en témoigne le colloque Interpera dont la dernière édition a eu lieu à Tours, les 25 et 26 juin dernier.

    Josselin Saint-Raymond annonce la prochaine édition d’Interpera, l’an prochain aux Pays-Bas. © végétable

    Si l’Areflh, Association des régions européennes productrices de fruits et légumes, a la charge d’assurer la pérennité de la manifestation, celle-ci s’en remet  à des organisations nationales pour en assumer l’organisation. C’est donc l’Association nationale pomme poires qui a porté l’édition 2019 du colloque européen de la poire avec une journée dédiée à des visites de vergers de niveau technique très relevé et une autre dédiée à des présentations et débats entre spécialistes, devant un public riche d’une bonne centaine de participants en provenance, de nombreux pays d’Europe et du monde.

    Dans son propos introductif, le président de l’ANPP, Daniel Sauvaitre, a fait part de son souhait de relance du verger français, renouvelant le constat que la France ne produit plus que la moitié de ce qu’elle consomme, suite à plusieurs décennies de déshérence du verger de poirier. Interpera a débuté par un regard mondial sur les évolutions du verger de poirier, développement de « l’organic » dans le Nord-Ouest américain, recul du verger en Californie, poids majeur de la Chine avec ses nashi (2,4 millions de tonnes). Philippe Pons (AZ France) a témoigné de la contraction en cours du verger en Argentine et au Chili en raison des aléas commerciaux mondiaux et de la rentabilité économique insuffisante : les importations européennes ont en effet sensiblement chuté entre 2016 et 2018. L’ambiance semble bien meilleure en Afrique du Sud avec des vergers en développement et des ambitions commerciales mondiales. En Europe, Belgique et Pays-Bas semblent enfin assumer que la perte du marché russe rebat vraiment les cartes stratégiques et que, sans innovation ni stratégie qualitative relevée, il sera difficile de faire face. L’Italie a aussi vu sa production reculer sensiblement sa production, avec une part non négligeable de reconversion vers le bio, avec le marché intérieur comme débouché privilégié.

    Si le commerce mondial de la poire s’est élevé à 2,7 millions de tonnes échangées à l’international en 2017 (dont 1 Mt en intra européen), le marché reste très fragmenté et la poire est plutôt un fruit de consommation locale. Interpera s’est naturellement penché sur les développements variétaux en cours, témoins du réveil intervenu au cours de la dernière décennie, tant au niveau des variétés nouvelles que des plantations. Sachant que ces développements doivent nécessairement composer avec des exigences sociétales toujours plus relevées, du moins en Europe… Beaucoup trop discrète depuis trop longtemps, la poire a besoin de prendre la parole, de s’adresser au commerce et au consommateur. La table ronde a permis un fructueux partage d’expériences entre les porteurs d’actions collectives régionales (Portugal, Catalogne, USA) ou privées (Migo®, Sweet Sensation®, QTee®…). Avec ce magnifique résultat obtenu aux Etats-Unis où, suite à des opérations judicieuses sur les réseaux sociaux, ce sont désormais les jeunes consommateurs qui achètent le plus de poires : oui, c’est possible ! Enfin, les défis techniques restent nombreux à relever, notamment celui de transposer à la poire les méthodes de gestion du verger qui ont si bien réussi à la pomme ou encore la capacité à déployer en station des filières de conditionnement spécifiques pour que la poire puisse donner le meilleur d’elle-même dans l’assiette du consommateur qui restera en définitive l’arbitre du succès final.

    © végétable