Fédépom tire la sonnette d’alarme

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    Fédépom, la fédération des négociants en pomme de terre, s’inquiète de la position attentiste de la grande distribution face à l’arrêt prochain de l’antigerminatif CIPC.

    D’ici à mi-juin, la Commission européenne devrait trancher sur l’avenir du CIPC, le chlorprophame, principale molécule aujourd’hui utilisée pour le contrôle de la germination des pommes de terre durant le stockage. Plus aucun doute sur l’issue du processus de réhomologation, le CIPC vit sa dernière campagne. « Depuis plus de deux saisons, les négociants se préparent à la disparition de ce produit », souligne Marc Morellato (notre photo), président de Fédépom* et PDG de Pom’Alliance, négoce figurant parmi les trois premiers du marché, à l’issue du congrès de cette fédération, le 7 juin dernier à Strasbourg. « Toutefois, nous déplorons la position attentiste de la distribution face à l’arrêt du CIPC ! Beaucoup pensent encore que rien ne va changer et que les produits de substitution, comme Dormir, notamment, vont pérenniser le modèle. Or nous ne sommes qu’en phase d’apprentissage des différentes alternatives. Nous ne connaissons pas encore la réaction de toutes les variétés à ces produits et craignons un phénomène massif de germination à partir d’avril. » Ainsi, le président se dit très préoccupé et tire la sonnette d’alarme ! « Que ferons-nous alors de toutes les pommes de terre encore en stock ? Le plan B de dernière minute sera-t-il d’aller trouver des tubercules ailleurs, hors de France, ce qui fragilisera nos structures ? » Il estime que la distribution ne mesure pas encore le taux de casse à venir en magasin et en redoute les conséquences : « Si les pommes de terre restent trop longtemps en rayon, vu leur aspect, la consommation va chuter. Le risque est que la distribution réduise la taille du linéaire pour minimiser cette casse. Les pommes de terre seront alors moins exposées aux consommateurs qui, du coup, en achèteront moins… »

    « Avec la fin du CIPC, nous faisons face à une vraie rupture du modèle », appuie Francisco Moya, vice-président de Fédépom et directeur de Négonor, une des six structures du Réseau Vitalis. « La filière s’y prépare, mais qui dit rupture dit aussi changement de comportement. Dans la chaîne décisionnelle, certains clients ont des organisations de travail où la hiérarchie n’est pas encore sensibilisée à ce changement. Comme nous représentons des métiers de services, nous craignons que la distribution n’attende que toutes les solutions viennent de nous, or elle a, elle aussi, sa mutation à faire ! Elle va devoir notamment anticiper, planifier davantage. N’attendons pas d’être face au mur pour chercher comment le contourner ! »

    * Fédépom : Fédération des négociants en pomme de terre, ail, oignon et échalote.